Nicolas BECQUERET Publications

Notre travail analysait les chats et les blogs fréquentés par les lycées (Skyblogs, Voila.fr) La parole des lycéens étant largement diffusée sur ces nouveaux supports de communication. Pour les auteurs de ces discours cela entraîne l’endossement et la maîtrise des normes (ici les codifications langagières) engendrés par le dispositif technique. Chaque sphère de l’activité humaine comporte un répertoire de genres discursifs liés à des normes de fonctionnement (Bakhtine). Partant de ce postulat général, nous avons observé le champ des échanges discursifs interactifs électroniques en faisant l’hypothèse que les activités des lycéens sur Internet s’organisaient à partir des imaginaires socio-discursifs liés aux représentations des types de discours, déterminant leurs productions dans ces espaces. Notre démarche consistait à identifier les visées communicatives intrinsèques à ces échanges. Nous examinions donc les cadres à l’intérieur desquels les couches textuelles et discursives entrent en corrélation avec les interfaces techniques, leurs spécificités imposant de revisiter les approches méthodologiques et théoriques de l’analyse conversationnelle et de la linguistique de discours car dépendants des potentialités induites par le support technique. Il convenait d’appréhender tout autant la position des concepteurs que celle des utilisateurs car, comme le note P. Flichy, ces deux acteurs participent au processus de développement de l’innovation. Ces derniers orientent l’usage de la technique par les contenus qu’ils véhiculent.

Je reprend dans cet article des propositions théoriques et méthodologiques déjà développées lors des colloques organisés par le GRER (Bordeaux 2004 et Lyon 2006) afin d’en faire une synthèse. Je présente un cadre d’analyse ainsi qu’un ensemble d’outils qui permettent aux chercheurs d’observer les échanges langagiers radiophoniques dans une optique à la fois sémio-discursive, socio-discursive, et psycho-pragmatique. Cette démarche se donnant pour objectif de travailler à la fois sur les statuts, les rôles et les places énonciatives des différents locuteurs, de relier ces éléments aux formes que prennent les échanges langagiers, d’observer, par une démarche d’analyse de la réception, la reconnaissance de ces formes puis l’appréciation des contenus communicationnels diffusés. Cette approche interrogeait les habitudes de production des acteurs médiatiques, l’organisation des interventions des locuteurs (journalistes, animateurs, experts, différents intervenants, dont les auditeurs) mais aussi les habitudes d’écoute. Elle permettait également de défricher le terrain qui amène à la question centrale de la réception (reconnaissance des messages, catégorisation cognitive, mémorisation, effets visés, effets possibles, effets réels, etc.). L’étendue du travail permettant d’aboutir à des résultats significatifs avec un tel modèle nécessitant le travail d’une équipe, je formulais des propositions en ce sens.

Je présente une boite à outils pour l’analyse qualitative de la réception radiophonique intitulée. Ma Conclusion : « il est nécessaire de développer le lieu disciplinaire situé à mi-chemin entre les sciences du langage et la sociologie des usages médiatiques et des pratiques culturelles. Cette position - originale - propose de faire le lien entre l’analyse du discours et la sociologie de la réception, de réfléchir à ce que sont et ce que représentent les grands discours médiatiques diffusés dans nos sociétés, en réfléchissant à l’espace de construction sémantique. Il s’agit ainsi de promouvoir une position qui mêle la psychologie sociale et les recherches sémiotiques et discursives, une position qui tente d’articuler les acquis de l’analyse du discours avec les acquis de la psychologie, ceux de la sociologie et des cultural studies. »

Dans un premier temps, je présente un historique des émissions d’échanges avec les auditeurs en France, puis je rend compte des thématiques et les types de discours diffusés : la sexualité, les relations amoureuses, les médias, la vie à l'école, etc., et de leurs modes énonciatifs. Enfin j’aborde la question des effets des discours radiophoniques auprès des jeunes. Ainsi, en passant d’un questionnement sur les raisons du succès à un questionnement sur les effets du succès je propose une démarche en deux temps : d’abord descriptive puis se tournant vers des aspects cognitifs. En couplant un travail analytique portant sur un programme radiophonique à succès à une observation, via le discours, de la construction qui est faite du monde social, la question des effets modélisants de ces discours sur les adolescents et les jeunes adultes est posée.